L’équipe du jour : François, Clément, Donna, Charlotte, Stéphane, Manu, Fabien, Tristan, Cyrille.
Ticket gagnant à Saint Christophe-la-Grotte
Spéléo Campus – 12 novembre 2016
L’été dernier, ravi par une très bonne nouvelle et mettant à profit le beau temps, l’idée m’était venue d’aller visiter la Voie Sarde à Saint Christophe-la-Grotte aux confins de la Savoie et de l’Isère. Un lieu chargé d’histoire : Napoléon, les Romains, Mandrin, des glaciers, Marie-Antoinette et j’en passe.
Me voici donc parti sur le circuit touristique, avec une sympathique petite grotte. Une passerelle un peu aérienne permet même de la parcourir. Il faisait beau, la vue était dégagée, c’était le bon endroit pour faire une photo souvenir. Mon appareil gisait au fond du sac : pour l’atteindre, il m’a fallu farfouiller.
Et là ce fut le drame. Comme je me penchais en avant pour m’accroupir, voici qu’un fin papier s’échappa de l’une de mes poches. Porté par la légère brise parcourant la grotte, il virevolta par-dessus la rambarde de la passerelle puis, à mon grand effroi, piqua droit vers le sol, 25 mètres en contrebas, sous un gros bloc calcaire bordé de fougères. Et ce papier n’était pas rien : le ticket gagnant de l’Euromillions de la semaine…
Ma fortune prenait la clef des champs ! Que faire ? Crier, alerter ? Assurément non, avec un ticket d’une telle valeur, la grotte serait le cadre d’une nouvelle ruée vers l’or. Le ticket serait facilement retrouvé mais finirait dans une poche qui ne serait pas la mienne…
Bref, me voilà contraint de trouver un moyen et un prétexte pour descendre en toute discrétion dans la grotte en quête de mon ticket. Sachant que seule la passerelle y donne accès. Et que la marche à franchir mesure 25 mètres. Et que je ne tiens pas à me briser le cou.
Les mois ont passé mais ce moyen je l’ai enfin trouvé : Spéléo Campus.
D’accord, cette entrée en matière est un peu longue et sans doute capillotractée. Néanmoins, pourquoi ne pas y croire ? Ce 12 novembre, lorsque mon tour est venu d’enjamber la rambarde de la passerelle pour glisser en descendeur le long des 25 mètres de corde amenant au plancher des vaches, il m’a bien fallu trouver une motivation, fusse-t-elle farfelue.
C’était en effet l’entrée en matière obligée de notre journée : techniques de corde sous une voûte calcaire de 45 mètres.
Malgré diverses péripéties, la fraîcheur et le brouillard, nous étions neuf à pied d’œuvre vers les neuf heures. Marche d’approche sur la Voie Sarde puis entrée dans la grotte par une imposante grille. Par un ancien méandre creusé dans la roche, nous débouchons sur la fameuse passerelle. La grotte s’élargit rapidement pour prendre la forme d’une immense nef de cathédrale, en partie à ciel ouvert : notre terrain de jeu.
Des cordes installées par Fabien, Tristan et Cyrille pendent dans toutes les directions. Devrons-nous nous y agripper désespérément pour gagner le sol ou atteindre telle ou telle vire à la force de nos poignets ? Heureusement non. Descendeurs, crolls et autres poignées tantôt coulissantes, tantôt autobloquantes, sont là pour nous offrir grâce, légèreté et sécurité.
Les uns après les autres, nous voici à nous asseoir dans le vide. Si franchir la barrière était inconfortable, se reposer dans le harnais devient vite agréable. A condition d’avoir effectué convenablement une clé, gage de sérénité. Nous avons dès lors alterné glisse descendante le long des cordes puis remontées tout en souplesse. Pour moi qui n’ai rien dans les bras, une fois l’appréhension initiale passée, quelle belle surprise. La pesanteur se rappelle toutefois vite à nous en bout de corde, lorsqu’il faut déclipser son croll, en équilibre sur sa pédale. Là, à titre personnel, j’en ai plus que bavé. Mais bon, un ticket d’Euromillions, ça se mérite, non ?
Vint ensuite l’heure méritée du repas. Retour sur la passerelle désormais caressée par quelques rayons de soleil. Et il y a même une prise électrique. La prochaine fois j’amènerai mon barbecue pour des grillades. A court terme, Charlotte nous a ravis avec ses crêpes et un pot de Nutella. De quoi nous ragaillardir.
Était-ce fini ? Non. Une fois nos cuillères rangées, nous avons remis le couvert côté cordage. Et ça n’a pas rigolé. Fabien nous a expliqué les techniques de changement de style et de passage de nœuds de corde.
Le changement de style : vous montez en confiance le long de votre corde quand soudain, c’est ballot, vous vous rendez compte que vous avez oublié votre ticket d’Euromillions au pied de la corde ; il vous faut donc redescendre immédiatement ; et cela marche aussi en sens inverse (ticket oublié sur la vire dont vous descendez : il faut remonter sinon un petit malin partira avec votre ticket).
Passage de nœuds : votre ticket a été emporté au plus profond d’un puits or votre corde n’est pas assez longue. Vous devez donc la nouer à une seconde. Problème : votre descendeur (ou à la montée votre couple croll / poignée) aura du mal à avaler le nœud. Il faudra dès lors vous sécuriser avec une clé, vous clipser/déclipser, jouer des mousquetons et repartir après avoir défait votre clé (NB : contrairement au quinté, seule la combinaison dans le bon ordre est gagnante). Une sacrée paire de manches une fois dans les airs.
Les heures passant, vint le moment du départ, à la nuit tombée. Retour aux véhicules, déséquipement, rangement, vêtements chauds… Quant au ticket de l’Euromillions, je ne vous dirai pas si je l’ai retrouvé. A tout hasard, lors des prochaines sorties Spéléo Campus, regardez bien entre les blocs, on ne sait jamais ! Après tout, Mandrin n’est-il pas réputé avoir fréquenté les grottes de la région ?
A la prochaine !
By Stéphane W
PS : Un grand merci à Cyrille, Fabien et Tristan pour leurs conseils et leur soutien.